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Tu te débats en proie à ta douleur sauvage,
Et te griffant, et te mordant, tu te ravages,

Secouant tes bijoux, tes seins et tes chiffons
Et sondant ta souffrance avec des cris profonds.

Maintenant, au milieu des vieilles qui t’emmènent,
Tes cheveux renoués, tu redeviens humaine.

Un silence effrayant t’entoure. Ta beauté
Reprend déjà son rêve et sa sérénité,

Et dans la grande nuit de tes calmes prunelles
L’azur mire à nouveau sa splendeur éternelle.

Alors, dans ta pensée obscure t’enfermant,
Tu vas survivre avec tes ruses, âprement,

Jusqu’à ce qu’un sang frais reniflé par les hyènes
Étanche un soir la soif ardente de ta haine !