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Puis, j’ai quitté la mer brûlante et le rivage,
Abordant la montagne où, planant sans repos,
      Ton aigle avec un cri sauvage
      Tournoie au-dessus des troupeaux.

J’ai vu, dans la tristesse immense de tes plaines
Où la terreur, de Rome même, triompha,
Comme un jaune océan la houle de l’alfa
      Envahir tes ruines lointaines !

Là, debout, de sa serpe animant l’horizon,
Le moissonneur plongé dans la vague des seigles
      Silhouettait son profil d’aigle
Sur le fond jaune et bleu du ciel et des moissons,

Et le nomade obscur interrompant sa course
Rêvait en s’appuyant sur son bâton durci
Où les sept clous de cuivre étincellent, ainsi
Que sur le fauve Atlas s’embrase la Grande Ourse.