Page:Gojon - Le Jardin des dieux.djvu/72

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Datte dont le noyau montre dès qu’il émerge
L’« O » charmé qu’en Égypte a murmuré la Vierge.

Orange parfumée et citron suspendus,
Mamelles d’or au fond des jardins défendus.

Pâles, ayant sur eux l’enchantement nocturne,
Les raisins bleus ont l’air tout poussiéreux de lune.

Ainsi vers eux je vais, ébloui comme Adam,
Sous le lierre verni, parmi les fleurs, tendant

Mes mains vers la glu d’or de leurs pulpes offertes
— Ô figue déchirée, ô grenade entr’ouverte —

Et quand, mêlant leur miel à mes doigts enchantés,
Ils me donnent le fruit de leur maturité,

Je te bénis, ma terre où le soleil est libre,
Je te bénis, ma terre où tant de lune vibre.