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Le dey gras et replet repoussant du genou
Les pans de son caftan et de ses longues manches
Allait, faisant parfois sonner quelque caillou
Sous le fer à cheval de ses babouches blanches.

Les eunuques veillaient dans le palais éteint,
Les vers luisants brûlaient sur le bord des tulipes
Et j’imagine errant à travers son jardin
Le dey qu’on pouvait suivre au charbon de sa pipe.

Et peut-être qu’alors, éprise du sultan,
Une vierge, debout derrière le grillage
De son moucharabieh bleu de lune, guettant
La robe dont l’argent luisait sous les feuillages,

Pleine de son désir et de sa volupté
Jouait languissamment d’une flûte éperdue
Qui faisait tout à coup sur le prince enchanté
Pleuvoir tous les rubis des grenades fendues.