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De ce ciel sans pitié dont la lumière atterre
Tombe tant de tristesse et tant de cruauté
Que les hommes fuyant ses éclats redoutés
Bercent dans le sommeil un oubli solitaire.

Oh ! la mélancolie affreuse des étés,
Et ce que sur l’ennui des golfes et des dunes
Versent en s’élevant ces formidables lunes
Vers qui meuglent sans fin les troupeaux hébétés !

Villes mortes que, seul, le silence contemple,
Et qui sous la torpeur d’un ciel indifférent
Attestent le néant des rêves les plus grands
Et laissent le chacal errer parmi les temples…

Ainsi, sur cette terre où les dieux sont traqués
Plus rien de ce que l’homme a bâti ne subsiste,
Et le nomade, seul, qui s’entête et persiste
Accroche au maigre alfa sa tente aux durs piquets.