Page:Gojon - Le Jardin des dieux.djvu/281

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Voici la rue ombreuse et fraîche où tu roucoules
            — Mandolines, accordéons —
Tandis que, séculaire, au clocher des Accoules
            L’heure sonne sur tes balcons.

Voici devant tes seuils où les vieillards se taisent
            Plus boucanés que leur culot,
Ton œillade espagnole et tes grâces maltaises,
            Ton tambourin et tes grelots.

Que la mer secouant ton vieux môle déferle…
            Ici, c’est en gilet à fleurs
Derrière son rideau de bambou et de perles
            Le barbier, ce gras enjôleur.

C’est l’oiselier qui traite avec les capitaines,
            C’est le soutier nègre ou chinois
Qui dans le bar puant boit des liqueurs lointaines
            En pensant à ses dieux de bois.