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Tes yeux cherchent, là-bas, la mer marmoréenne
Et, brûlante du poids de tes bijoux frontaux,
Tu mènes d’une main grasse et musicienne
Un archet qui répond au rêve des jets d’eau.

Je vois ton dur profil, je vois tes mains marquées
Lentement prosternés, s’élever lentement.
Des mouettes, au loin, tournent sur la mosquée…
Une cloche se heurte à ton recueillement.

L’odeur de tes jardins gonfle encor tes narines,
Tu flaires dans l’air chaud la rose et l’oranger
Et vers l’ascension de la lune marine
Tu tournes la ferveur de tes yeux allongés.

Et je ne sais devant cette nuit solennelle
Rien de plus douloureux à ton cœur ulcéré,
À l’heure où tant de mains montent comme des ailes
Vers les lampes sans nombre et les drapeaux sacrés,