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L’âpre touffeur du soir sur Saïgon jauni,
L’odeur de la mousson qui glisse entre les mangues
Et bouscule au Yang-tsé le lourd sampan qui tangue
          Mêleront un goût d’infini
          Au fruit posé sur notre langue.

Alors, le monde ouvert devant nous, peu à peu,
Se livrera bientôt, moins terrible et moins rogue,
Et dans l’enivrement que sait verser la drogue
          Du Fleuve jaune au Fleuve bleu
          Nous irons, poussant la pirogue !

Je veux, la forêt vierge où nul ne pénétra,
Où le tigre est un dieu vivant et redoutable,
Là, la Peste avec vous monte en croupe ou s’attable.
          Là, le tout puissant Choléra
          Est respecté comme un notable.