Ici l’œil est plus vif et le corps dans ses jeux
Est prompt à s’animer au sang dont tu l’enfièvres,
Ô ma terre où l’Amour dans les soirs orageux
Accouple encor, parfois, les pâtres et les chèvres.
Ta fauve odeur parmi cette race s’épand,
Ô Phallus, et mêlée à tes dyonisies,
Tu l’échauffes aux bonds de la danse que Pan
Mène au mugissement des conques cramoisies.
Ô Phallus, sois le dieu de ce pays brûlant
Où, mêlant ses doigts roux aux bagues de tes vrilles,
J’ai, sous les ceps velus, vu Priape au beau flanc
S’empourprer des couleurs joyeuses dont tu brilles !
Ranime en plein midi ton superbe tison…
Sous les cheveux bouclés, aux tempes, le sang frappe,
Qu’il est bon d’être nu, terre, sur ta toison
Et de sucer ton jus aux grains bleus d’une grappe !
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