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Je t’aime pour ce bruit de linges et de tringles
Qui sonne encore au seuil de tes chambres d’amour
Et pour ces aigres chants de guerre dont tu cingles
Tes marchands somnolents assis aux carrefours.
Je t’aime pour le feu de tes lèvres, habiles
À rendre douloureux le roseau que tu mords,
Pour le roucoulement des colombes kabyles
Et pour le fauconnier et le laveur de morts.
Pour tes cèdres trempant dans la lune émergée
Au-dessus des tombeaux que drape un blanc jasmin
Et pour une fenêtre étroite et grillagée
D’où pend sous son fardeau de bagues, une main…
Je t’aime pour l’accent magique des sentences
Qui gardent ton passé de notre mauvais œil,
Pour la chaude splendeur de cet azur intense
Que ta ville de proie occupe avec orgueil.