Page:Gojon - Le Jardin des dieux.djvu/247

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


De vieux enlumineurs vers moi tournaient la tête
Et je voyais alors au bord des yeux profonds
Tanguer des palanquins sur la houle des fêtes
Où la foule acclamait la pourpre des bouffons.

Leur front était pareil à la mer éternelle,
Eux qui, graves, mettaient, dans leur sérénité,
Plusieurs lunes d’été pour peindre une prunelle,
Plusieurs hivers pour peindre une lune d’été.

Et près d’eux, des amants pensifs, que ne dérange
Ni le cri des âniers, ni le chant des conteurs,
Dorés par son reflet mordaient la même orange
Et se donnaient des noms d’étoiles et de fleurs.