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Le papillon posé sur la rouge tulipe,
La grenade qui s’ouvre aux couteaux de midi,
Le liseron fermé que le matin défripe,
Animent seuls le fond de son rêve engourdi.

Tout gagne à son regard une étrange fortune :
Qu’il écrive, on entend le frelon bourdonneur,
Le nénuphar qui songe est un grand bol de lune,
Et l’œil de la princesse est un puits de bonheur.

On voit se dérouler de merveilleuses fables,
Pleines de cruauté, d’amour et de désir,
Qu’il déroule au milieu de jardins ineffables
Comme la robe à fleurs qu’arbore le vizir.

Des arbres à poison versent d’âpres délices,
Des bourreaux, des bouffons et de rouges soldats
Entourent en riant l’estrade des supplices
Où les calmes héros se haranguent tout bas.