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C’est toi, cette blancheur mollement inclinée,
Ces paresses parmi l’encens et le benjoin
Et ton azur sans ride, ô Méditerranée,
Qu’un azur implacable et sans tache rejoint.

C’est toi, c’est toi, c’est toi, ce jet d’eau solitaire
Qui danse, triste et bleu, vers l’étoile du soir,
Ces flûtes qu’on ne peut entendre sans se taire
Et que semble briser un indicible espoir !

C’est toi, ces longues nuits aux étoiles intenses
Que traversent sans fin de bleuâtres éclairs
Tandis que débordant de lune et de silence
Ta terrasse rêveuse écoute au loin la mer.

J’aime te retrouver dans le cri rauque et morne
De cet ânier poudreux qui va vers le marché
Et dans le chant plaintif de ce tourneur de corne
Dont le front bombe et luit sous le turban penché.