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Il règne. Tout est vide et béant. Il s’écoule
Sous l’arc qui sonne ainsi que la voûte des ponts
Et, plus fort que le cri dont nous l’interrompons,
Il remplit l’horizon d’une rumeur de foule.

La ruine déserte et solitaire est pleine
De ses bondissements et de son hurlement
Tandis que le soleil allonge lentement
L’ombre des fûts brisés au milieu de la plaine.

Et voici que passant le cirque des montagnes,
Couleur des gorges d’or où son vol triompha,
Un petit aigle roux venu de Maafa,
Avant de retrouver son aire qu’il regagne,

Vient planer longuement sur la triste broussaille
Où tout l’orgueil romain gît en morceaux épars,
Et, sous son aigre appel, secouant les lézards,
Le marbre de Trajan se souvient et tressaille.