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C’est toi, voici tes murs et tes dalles immenses
Où je cherche le sang des taureaux écorchés…
Des lézards fuient parmi les tables du marché
Et le vent éternel disperse les semences.

L’herbe pousse et disjoint les mosaïques, l’herbe
Foisonne dans les bains, déborde les autels
Et les chardons autour de tes dieux immortels
Dressent les bleus piquants de leurs têtes superbes.

Le vent seul fait sonner la tribune aux harangues
Et le théâtre vide et le cirque désert,
Le vent seul retentit sur le forum où l’air
A tant vibré du choc des races et des langues.

Il passe et couche l’herbe aux ruines des portes
Où l’ornière des chars arrête et fait songer,
Il passe et dans cette herbe où je le vois plonger
Va chercher le silence en marche des cohortes.