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De longs cirrus rayaient le bas du ciel ainsi
Que court la pourpre au bord des toges consulaires
Tandis que d’une sourde et lointaine colère,
D’heure en heure, grondait l’horizon obscurci.

Qu’allions-nous rencontrer au delà de Lambèse
Dont le prétoire obscur fuyait derrière nous ?…
Et nos chevaux, pressés des talons aux genoux,
Sentaient leur sang brûler à notre obscur malaise.

Par moments, sur le seuil des campements épars
Où les bêtes tiraient sur le piquet des tentes,
Des vieillardes, debout, en robes éclatantes,
Nous indiquaient du doigt la route des Césars.

Ô voie inoubliable où la Soif et la Fièvre,
En croupe, nous serraient de leurs bras amaigris…
Un aigle tournoya sur nous, mais pas un cri
Pour saluer son vol ne sortit de nos lèvres.