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SIRÈNES



Ô le cri douloureux des sirènes, liées
À l’horizon, aux croix sanglantes du couchant,
Que de fois ai-je au bord des eaux émerveillées
Pâli d’entendre au loin jaillir en ricochant
L’appel, l’appel saignant de ces crucifiées !

Lorsque le crépuscule embrase l’estacade
Qui semble tendre au soir des bûchers triomphaux,
Sirènes, bêtes d’or, vous lancez par saccades
De quelque taciturne et lointaine Leucade
L’adieu désespéré qui déchira Sapho.