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Baptême boréal, solitudes polaires,
Archipels, grains gelés d’un pâle chapelet,
Cathédrales de glace et voilures qu’éclaire
La lente ascension d’un soleil violet,

C’est vers vous que je tends, ce soir, mes bras avides
De posséder enfin vos profondes beautés
Et de toucher la terre à ses endroits livides
Où l’odeur de la mort est une volupté !

Donnez-moi, donnez-moi le sourire ineffable
Du fakir remonté des gouffres du néant
Et que mes yeux cuivrés par la lueur des sables,
Pleins de la vision des horizons béants,

Plus profonds que la mer où pourrissent les sondes
Et comme elle cachant leurs trésors inouis,
Ayant tout contemplé de la forme du monde,
Se tournent sans terreur du côté de la nuit.