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Les héros s’acharnaient au fond des précipices,
Leur rêve au souffle obscur des monstres confondu,
Et leurs yeux révélaient sous les éclairs propices
Le regret éternel du Paradis perdu.

Mais le matin revint avec son pur cortège,
Chassant la triste nuit de ses armes d’argent
Et déliant enfin du sombre sortilège
Les hommes, du sommeil et du songe émergeant.

Le monde renaissait, tirant ses mers sonores
De l’ombre où s’égarait une lividité,
Tandis que les Héros s’avançaient dans l’aurore,
Rouges enfin du sang des monstres rejetés.

À leur poing ruisselaient la Gorgone muette,
Et la tête de l’hydre et le cœur du dragon
Et tout ce que la nuit cache, embusque ou secrète
Dans ses profonds jardins de haine et de poison.