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Ô sombre éclat du monde aux temps de la Genèse,
Bien avant que naquit la fable, bien avant
Que, lourde d’avenir, superbe et pleine d’aise,
L’arche du vieux Noë s’animât dans le vent !

Sous l’averse puissante où se trempait la terre,
La course, la ruée et les trépignements
Remuaient le feuillage et les eaux solitaires
Et la foudre panique embrasait l’air fumant.

Les jardins flagellés reluisaient de prunelles,
Les bêtes que la haine autrefois partageait,
Sentant s’appesantir les forces éternelles,
Se pressaient en soufflant sous l’éclair au long jet.

On eût dit dans ce glauque et trouble crépuscule
Que les bontés luttaient avec le mal naissant
Et j’entendais craquer l’ossature d’Hercule
Et le bec du vautour sur Prométhée en sang.