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— Ô mes jardins marins, parterres dont les plantes
Sont de tranchants couteaux cachés parmi les fleurs,
Vous êtes devant moi la coupe étincelante
Où je veux boire encore un philtre ensorceleur.

La mer qui vous habite et qui vous rend sonores
Me parle, en argentant vos marbres éloquents,
De Jason qui chemine à côté du Centaure
Et des conques sonnant aux bouches des bacchants.

Sous l’averse de fleurs qui tombe des lianes
Pour sacrer de parfums la danse des jets d’eau,
Les tigres bleus de lune entourent Ariane
Dont la mélancolie est un royal fardeau.

La brise naxiote en suaves bouffées
M’apporte une musique où mon ennui faiblit,
Et d’un tillac lointain j’entends la voix d’Orphée
Répandre sur la mer un somptueux oubli.