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Vos palmes, mollement, comme des fruits multiples
Bercent d’un vent lointain les constellations
Tandis que, parmi vous arrêtant mes périples,
J’avance, seul et triste, avec mes passions.

Vais-je enfin, pur silence, immobile rivage,
Parmi tant de splendeur et de sérénité
Contenir les appels de leur meute sauvage
Dont le tumulte en moi ne cesse de monter ?

Ici, rien n’a changé de l’horizon que j’aime,
Des phosphores sur l’eau commencent à frémir
Et la mer beylicale est une immense gemme
Où je revois brûler le trésor des émirs.

Par moments, un éclair traverse la soirée
Comme si, tout chargé de l’extase des nuits,
Le Silence entr’ouvrant sa robe déchirée
Montrait son corps stellaire aux jardins éblouis.