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J’ai vu votre vieillesse aux tables du négoce
Comme au temps où Rembrand mêlait l’or à la nuit
Courber sous la pelisse une patiente bosse
Et vos adolescents aux luxures précoces
De Salomé dansante animer leur ennui.

Cire qui diminue, ô race consumée
Avec ces bruits de chaîne attachés à ses pas,
Et parmi tant de sang et de fièvre allumée,
Ce regret éternel des roses d’Idumée
Et des fastes sacrés qui ne reviendront pas.

Ces élans, cet espoir, cette attente embrasée
Que tout peut bafouer, mais que rien ne déçoit,
Jardins perdus flambant au fond de vos pensées,
Terre toujours promise et toujours refusée
Et les trésors du temple, encore, au fond de soi…