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mann !… Le voilà bien parti, pour porter la missive à la Czarine ! Et alors mon grand-père se mit à invectiver à tel point le diable que, dans le fond de l’enfer, il en dut éternuer plus d’une fois [1].

Mais les paroles ne font pas marcher les choses : mon grand-père eut beau se gratter la nuque, il n’en trouva rien pour cela. Que faire ? Alors il eut recours à l’intelligence des autres. Il réunit toutes les bonnes gens qui se trouvaient dans le cabaret, Tchoumacks ou autres passants, et leur raconta son malheur. Les Tchoumaks restèrent longtemps à réfléchir, le menton appuyé sur leur fouet, hochèrent la tête et finirent par dire qu’ils n’avaient jamais entendu parler dans tout le monde chrétien de missive d’hetmann volée par le diable ; d’autres ajoutèrent qu’une fois qu’un diable ou qu’un Moscovite volait une chose, il n’y avait plus rien à espérer. Seul, le cabaretier restait silencieux dans son coin. Le grand-père s’adressa à lui : « Quand un homme

  1. Expression russe qui a le même sens que lorsque nous disons : cela siffle dans mon oreille. (Note du traducteur.)