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Le cœur bondissant d’émotion comme s’il allait éclater dans sa poitrine, Petrus, traversant la forêt, descendit dans le ravin profond qu’on appelle le Fossé de l’ours. Basavriouk l’y attendait.

La nuit était aussi profonde que dans un souterrain. Bras dessus, bras dessous, les deux compagnons pataugeaient dans les marécages en se raccrochant aux buissons épineux et drus, et butaient presque à chaque pas. Ils étaient enfin arrivés à un endroit uni. Petre regarda autour de lui. Jamais encore il ne s’était hasardé dans ce lieu. Basavriouk s’arrêta aussi.

— Devant toi, n’est-ce pas, demanda-t-il, tu vois trois monticules ? Il va soudain y croître mille fleurs différentes. Qu’aucune volonté au monde ne te pousse à en toucher une seule ! Mais aussitôt que la fougère fleurira, arrache sa fleur, et ne regarde pas derrière toi, malgré tout ce qui pourra arriver.

Pétrus voulait encore questionner, mais déjà Basavriouk avait disparu. Petre, alors, s’avança vers les trois monticules ; aucun