Katerina ne regarde rien ; la pauvre folle ne craint pas les Roussalki[1], elle court tard, son couteau à la main, et cherche son père.
Un matin, de bonne heure, arriva un hôte, grand de taille, en surtout rouge, qui s’informa du pan Danilo ; il écouta toute l’histoire, essuya de sa manche ses yeux en larmes et secoua les épaules. Il avait, disait-il, combattu avec le défunt Bouroulebache ; ils guerroyèrent ensemble contre les Criméens et les Turcs ; il n’aurait jamais pensé que le pan Danilo eût pareille fin. L’hôte raconta encore beaucoup d’autres choses et demanda à voir la pania Katerina.
Katerina n’écouta pas d’abord ce que disait l’hôte ; elle se mit pourtant enfin à prêter de l’attention à ses paroles, comme une personne sensée. Il narra comment ils vivaient ensemble Danilo et lui, comme deux frères ; comment ils se dérobèrent une fois aux Criméens sous du foin… Katerina écoutait tout cela, et ne le quittait pas des yeux.
― Elle renaît, pensaient les garçons en la re-
- ↑ Nymphes des eaux, qui, au printemps, garnissent les branches des arbres, au crépuscule.