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la nuit, il a parfois un flot argenté qui brille comme les raies d’un sabre damasquiné ; mais il se rassoupit de nouveau, toujours bleu. Merveilleux alors est le Dniepr, et nulle rivière ne lui est comparable au monde !

Quand dans le ciel les nuages s’amassent en montagnes, que la forêt noire s’ébranle jusqu’à ses racines, que les chênes craquent, et que la foudre, se cassant à travers les nues, éclaire d’un jet toute la terre, — alors, terrible est le Dniepr. Les masses d’eau grondent, se heurtent contre les collines, et avec des gémissements et du tapage roulent en arrière, pleurent et sanglotent au loin. Ainsi gémit une mère kosake, dont le fils part à l’armée ; celui-ci, brave, insouciant, va sur son cheval noir, le poing sur la hanche et le bonnet dénoué ; mais elle, sanglotante, court derrière lui, le saisit par l’étrier, prend le mors et s’y brise les mains, et pleure à chaudes larmes.

Bizarrement faisaient tache, parmi les flots en guerre, les poutres brûlées et les pierres sur le promontoire. Une barque, près d’aborder, battait contre la rive, s’élevant sur le haut des vagues et retombant. Quel Kosak avait donc osé se promener