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pour se voir et se flatter de leur aspect fleuri, mais pour sourire au fleuve et le complimenter. Ils n’osent regarder au milieu même du Dniepr ; personne, sauf le soleil et le ciel bleu, ne l’examine ; l’oiseau vole rarement jusqu’au milieu du Dniepr ! Il est splendide ; aucune rivière au monde ne peut se comparer à lui.

Merveilleux encore est le Dniepr, par une chaude nuit d’été, lorsque tout est endormi : homme, bête et oiseau ; quand Dieu seul majestueusement contemple le ciel et la terre et secoue son manteau, d’où tombent les étoiles ; les étoiles étincellent et brillent sur le monde, et toutes se reflètent dans le Dniepr. Il les reçoit toutes dans son sombre sein ; et aucune ne lui échappe, — à moins de s’éteindre dans le ciel. Une forêt noire aux corneilles assoupies, des montagnes jadis éboulées, qui surplombent, s’efforcent de le couvrir de leur ombre longue, — c’est en vain ! Rien au monde ne peut couvrir le Dniepr ! Son flot bleu coule, toujours bleu, au milieu de la nuit comme en plein jour ; on le distingue aussi loin que peut porter l’œil humain. Se dorlotant et se resserrant plus près des rives à cause du froid de