Page:Gogol Chirol - Contes et nouvelles.djvu/65

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chrétien : il boit et s’amuse avec eux, et sa voix impie tient des discours honteux.

Et les valets ne le leur cèdent en rien ; ils ont retroussé les manches de leurs surtouts déchirés et font les bravaches, comme s’ils étaient quelque chose de convenable. Ils jouent aux cartes, se les lancent au nez, se disputent des femmes étrangères ; des cris, des rixes !…

Les pans se lâchent et renversent les tables ; ils saisissent par la barbe un juif, et lui peignent une croix sur le front ; ils tirent une charge à blanc sur les vieilles femmes et dansent la krakoviak[1] avec leur pope impie. La terre russe n’a pas vu pareil scandale depuis les Tatars ; il est visible que c’est pour la punir que Dieu permet un tel outrage !

Au milieu du tapage général, on entend qu’ils parlent de la terre transdnieprienne, du pan Danilo, de la beauté de sa femme…

Ce n’est pas pour une bonne cause qu’est rassemblée cette racaille !

  1. Quadrille polonais.