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prendrais ni nourriture ni boisson, et je mourrais ; et je laisserais tout mon bien aux moines pour que, durant quarante jours et quarante nuits, ils célébrassent, pour moi, des services funèbres.

Katerina réfléchit :

— Quand même je t’ouvrirais, je ne pourrais défaire tes chaînes.

— Je ne crains pas les chaînes, répondit-il. Tu dis qu’elles enchaînent mes mains et mes pieds ? Non, je leur ai soufflé un brouillard dans les yeux, et au lieu des mains j’ai tendu un arbre sec. Tiens, regarde : je n’ai plus maintenant aucune chaîne, dit-il en se mettant au milieu de la pièce. Je ne craindrais pas non plus ces murs et m’en échapperais ; mais ton mari ignore quels sont ces murs ; un saint ermite les bâtit, et nulle force impure ne peut tirer un sorcier de là, si on ne lui ouvre avec la même clé dont le saint fermait sa cellule. C’est pourquoi je ne sortirai de cette cellule, misérable pécheur, que lorsqu’on m’en tirera de bon gré.

— Écoute : je vais t’en faire sortir ; mais tu ne me trompes pas ? dit Katerina se tenant devant la porte ; si au lieu de faire pénitence, tu allais retourner vers le diable !