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j’avais peur, et chacune de ses paroles me tordait les nerfs. Si tu savais ce qu’il m’a dit…

― Que t’a-t-il dit, ma Katerina adorée ?

― Il m’a dit : « Regarde-moi, Katerina ; je suis très beau. C’est à tort que les gens prétendent que je suis laid. Je te serai un mari parfait. Vois comme mes yeux brillent ! » Il tourna vers moi ses yeux ardents ; je poussai un cri et je m’éveillai.

― Oui, les songes disent souvent la vérité. Sais-tu que derrière la montagne, ce n’est rien moins que tranquille ? Les Liakhs recommencent à jeter les yeux de notre côté. Gorobietz m’a envoyé dire de prendre garde ; c’est à tort qu’il s’inquiète, car, sans cela, je veille toujours. Mes jeunes hommes ont cette nuit fait douze abatis d’arbres. Nous les recevrons avec des pruneaux de plomb, et les seigneurs polonais danseront au son du bâton.

― Et mon père, sait-il cela ?

― Ton père me pèse sur les épaules ! Jusqu’à présent je n’ai pu le comprendre. Il a commis sûrement, en terre étrangère, beaucoup de crimes. Pour quelles raisons, par le fait, vit-il ainsi depuis un mois sans s’amuser jamais, comme un honnête Kosak ? Il n’a pas voulu boire d’hydromel ! Tu en-