Page:Gogol Chirol - Contes et nouvelles.djvu/25

Cette page n’a pas encore été corrigée

nière catholique, ni du combat que la horde a livré durant deux jours près du lac Solenii ? Mais comment pourraient-ils chanter, ou causer de ces faits malheureux ? En effet, leur pan[1] Danilo réfléchit, et la manche de son surtout cramoisi pend hors de la barque et pompe l’eau ; leur pania Katerina berce doucement l’enfant et ne le quitte pas des yeux, tandis que l’eau couvre d’une poussière grise la robe de fête, qu’aucune toile ne protège.

Rien d’agréable comme de regarder, du milieu du Dniepr, vers les hautes montagnes, les larges prairies, les bois verdoyants ! Les montagnes ne sont pas des montagnes : elles n’ont pas de bases ; en bas comme en haut est un sommet aigu, et dessous comme dessus on voit le ciel élevé. Les bois, qui se trouvent sur les coteaux, ne sont pas des bois : ce sont des cheveux, couvrant la tête poilue d’un vieux sylvain. Au-dessous de cette tête, une barbe flotte dans l’eau, et sous la barbe et sur les cheveux, c’est le ciel élevé. Les prés ne sont pas des prés : c’est la verte ceinture, qui

  1. Mot polonais voulant dire : Seigneur.