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trébucher. Mon grand-père nous regarda longtemps, assis avec les tchoumaks. Je crois bien que ses jambes ne pouvaient rester en place et qu’il y éprouvait des élancements.

― Regarde, Foma, dit Ostap, si le vieux barbon ne va pas se mettre à danser !

Que croyez-vous ? Il ne put achever ses paroles ; le vieux ne lui en laissa pas le temps. Il voulait, vous comprenez, se distinguer devant les tchoumaks.

― Tenez, fils du diable ! Est-ce ainsi qu’on danse ? Voilà comme il faut danser ! dit-il, s’étant élevé sur les jambes, les mains tendues et frappant des talons.

Vraiment, il n’y avait rien à dire, il dansait comme s’il eût conduit la femme de l’hetman[1]. Nous nous rangeâmes de côté, et le vieux se mit à tourner avec les jambes sur la place unie qui était le long des couches de melons. Mais quand il arriva vers le milieu et voulut s’amuser à tourner vite sur les pieds ― voilà que ses jambes soudain ne marchent plus, et plus rien ! Quelle affaire ! Il

  1. Le grand chef des Kosaks.