pas, ne m’écoutent pas. Que leur ai-je fait ? Pourquoi me persécutent-ils ? Que veulent-ils d’un malheureux comme moi ? Que puis-je leur donner ? Je ne possède rien. Je suis à bout de forces, je ne puis endurer tous leurs supplices, la tête me brûle, et tout tourne devant moi. Sauvez-moi ! Emportez-moi ! Donnez-moi un troïka[1] aux chevaux prompts comme la tempête ! Assieds-toi, mon cocher ; sonne, ma clochette ; galopez, chevaux, et enlevez-moi hors de ce monde ! Plus loin, plus loin, que rien, rien ne soit plus visible. Le ciel tourbillonne là-bas devant moi, une petite étoile brille au loin ; un bois flotte avec des arbres sombres et la lune ; un brouillard bleu foncé s’étend sous mes pieds ; une corde résonne dans le brouillard ; d’un côté la mer, de l’autre l’Italie ; et voici qu’apparaissent les isbas[2] russes. Est-ce ma maison qui bleuit au loin ? Est-ce ma mère qui se tient devant la fenêtre ? Mère, sauve ton pauvre fils ! Verse une larme sur sa petite tête douloureuse ! Regarde, comme on le torture !
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