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par de joyeuses exclamations ; il ne lui manquait donc rien. Il conversa longuement, et à dessein, ayant pris une tabatière, renifla du tabac devant elles dans les deux narines, se disant à lui-même : « Attrapez ! femmes, peuple de poules ! Je ne me marierai pas avec ta fille ! À moins qu’elle consente… simplement, par amour… [1]. Alors, soit ! »

Et le major Kovalev se promena sur la perspective Nevski, et dans les théâtres, et partout. Et son nez, comme si rien n’était, resta bien sur sa figure, n’ayant pas l’air du tout de pencher de côté. Et l’on vit depuis le major Kovalev toujours de bonne humeur, souriant et recherchant passionnément les belles femmes ; on le vit même une fois, à un comptoir du Gostini, acheter un certain ruban d’ordre ; on ne put savoir pourquoi, car il n’était chevalier d’aucun ordre.

Telle est l’histoire qui s’est passée dans la capitale du nord de notre vaste empire. Maintenant, en considérant bien tout, nous voyons qu’il s’y trouve beaucoup d’invraisemblances. Sans parler de ce qu’il y a d’étonnant dans ce détachement

  1. Les deux mots sont en français dans le texte.