Page:Gogol Chirol - Contes et nouvelles.djvu/169

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

biller, prit un cocher, et alla droit dans une confiserie. En entrant, il cria, encore de loin : « Garçon, une tasse de chocolat ! » et il se regarda en même temps dans une glace : son nez était bien là. Il se retourna joyeusement, et, d’un air moqueur, examina, en clignant de l’œil, deux miliaires, dont l’un avait un nez pas plus grand qu’un bouton de gilet.

Il alla ensuite à la chancellerie du ministère, où il sollicitait pour une place de vice-gouverneur, et, en cas d’échec, de simple huissier ; en traversant la salle de réception, il regarda dans une glace : ― le nez était toujours là !

Il se dirigea ensuite chez un autre assesseur de collège, un major, très grand railleur, à qui il disait souvent, en réponse à diverses remarques moqueuses : « Oh ! toi, je te connais, tu es piquant ! » Il pensait, en chemin : « Si le major n’éclate pas de rire à ma vue, ce sera le signe certain que tout est bien à sa place ! » Mais l’assesseur de collège était absent. « Très bien ! Parfait ! le diable l’emporte ! » se dit Kovalev. Il rencontra sur sa route la femme d’officier supérieur, Mme Podtotchina, avec sa fille, s’inclina devant elles, et fut accueilli