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aussi était l’histoire des tables tournantes de la rue des Ecuries ; il ne faut donc pas s’étonner si on commença bientôt à répéter que le nez de l’assesseur de collège Kovalev se promenait vers les trois heures sur la perspective Nevski, et cela depuis longtemps. Une foule de curieux afflua chaque jour. Quelqu’un assura que le nez se trouvait dans le magasin de Iunker, et une telle multitude se pressa et s’entassa alentour que la police se vit obligée d’établir un service d’ordre. Un spéculateur, homme fort honorable, à favoris, qui vendait à la sortie des théâtres des sucreries diverses et des gâteaux secs, fit élever tout exprès de très belles estrades en bois, très solides, sur lesquelles il invita les curieux à se tenir, pour soixante kopeks par spectateur. Un colonel de grand mérite vint de bonne heure de chez lui pour voir cela, et se glissa avec grande peine à travers la foule ; mais, à sa profonde indignation, il ne vit, par la fenêtre du magasin, à la place du nez, qu’une ordinaire camisole de laine, et un tableau en lithographie représentant une jeune fille qui reprise des bas, et un élégant, à gilet ouvert, ayant une petite barbe, qui la regarde du haut