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vous donne ma parole d’honneur, si vous ne me croyez pas autrement, que cela sera beaucoup plus laid. Laissez plutôt faire la nature. Lavez souvent la place à l’eau froide, et je vous assure que, privé de votre nez, vous vous porterez aussi bien qu’avec. Mais je vous conseille de placer votre nez avec de l’esprit-de-vin dans un pot, ou mieux, de verser dans le récipient deux cuillerées à soupe d’eau-de-vie et de vinaigre chaud, — et alors vous pourrez en retirer beaucoup d’argent. Moi-même je l’emporterai, si seulement vous n’y tenez pas.

— Non ! non ! pour rien au monde je ne le vendrai ! s’écria le major Kovalev désespéré ; je préférerais le perdre !

— Excusez, dit le docteur, en s’en allant ; je voulais vous être utile… Que faire ? D’ailleurs, vous avez vu mon empressement.

En disant ces mots, le docteur sortit de la pièce, avec une noble prestance. Kovalev ne regarda même pas sa figure, et, dans un profond anéantissement, ne distingua que les manchettes de la chemise blanche et nette comme neige, qui sortaient des manches du frac noir.