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ai-je bu, à la place d’eau, l’eau-de-vie que je passe sur mes joues après m’être rasé. Cet imbécile d’Ivan ne l’aura pas enlevée, et, certainement, moi, je l’ai avalée. »

Pour se convaincre avec certitude qu’il n’était pas ivre, le major se pinça, si douloureusement qu’il en poussa un cri. Cette blessure le persuada complètement qu’il vivait et agissait bien réellement. Il s’approcha tout doucement de la glace, clignant d’abord des yeux et pensant que peut-être le nez lui apparaîtrait à sa place ; mais il recula aussitôt d’un bond en arrière, en disant : « Quelle caricature ! »

Cela devenait tout à fait incompréhensible ; si un bouton avait disparu, une cuiller d’argent, une montre ou quelque chose de semblable, encore… mais le nez disparaître !… Et à qui encore ?… Et, de plus, dans son logis même ! Le major Kovalev, passant en revue toutes les diverses circonstances de l’affaire, pensa que le plus certain était qu’il n’y avait pas d’autre cause de tout cela que la femme de l’officier supérieur, madame Podtotchina, qui désirait lui faire épouser sa fille. Il se plaisait à courtiser celle-ci, mais éludait toujours