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n’étaient pas inconnus au commissaire), et qu’un homme d’ordre ne perd pas son nez.

Ces paroles blessèrent notre héros très profondément.

Il faut remarquer que Kovalev était, un homme très susceptible. Il pouvait pardonner tout ce qu’on disait sur lui-même, mais jamais il ne pardonnait ce qui attaquait le rang ou la fonction. Il pensait que, dans les pièces de théâtre, on peut laisser passer tout ce qui est contre les sous-officiers, mais qu’on ne doit rien permettre contre les officiers supérieurs. La réception du commissaire le déconcerta tellement, qu’il secoua la tête, et dit, avec le sentiment de sa dignité, avançant un peu la main : « J’avoue qu’après de telles paroles offensantes de votre part, je n’ai plus rien à ajouter. » Et il sortit.

Il rentra chez lui, sentant à peine ses jambes sous lui. La nuit tombait et son logis lui parut triste et fort sale, après toutes ces infructueuses recherches. En entrant dans l’antichambre, il aperçut, sur le divan de cuir passé, son domestique Ivan qui, couché sur le dos, s’amusait à cracher sur le plancher, atteignant, avec beaucoup d’a-