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faut pour priser ? Le diable emporte votre tabac ! Je ne puis à présent le voir en face, et non seulement votre exécrable bérézinski, mais même du râpé. » À ces mots, il sortit, profondément irrité, de l’administration du journal, et se dirigea chez le commissaire de police.

Kovalev arriva juste au moment où ce fonctionnaire s’allongeait en bâillant et se disait : « Je vais dormir avec plaisir deux petites heures. »

On voit que l’arrivée de l’assesseur de collège était on ne peut plus inopportune.

Le commissaire de police était grand amateur des choses artistiques et aussi des produits de l’industrie ; mais il préférait à tout un billet impérial. « C’est un objet, disait-il souvent, comme il n’y en a pas de meilleur : il ne demande pas à manger, il tient peu de place, rentre toujours bien dans la poche, et si on le laisse glisser il ne s’abîme pas. »

Il reçut Kovalev très sèchement et lui fit remarquer que ce n’était pas le moment, après le dîner, d’entamer une enquête ; que la nature elle-même enseigne qu’après avoir mangé, on doit se reposer un moment (l’assesseur de collège put voir par là que les apophtegmes des anciens philosophes