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où se trouvaient les nouvelles théâtrales ; son visage souriait déjà, en voyant le nom d’une actrice, sa préférée, et il fourrait déjà la main dans sa poche, pour y chercher un billet bleu, car, à son avis, les officiers supérieurs devaient s’asseoir uniquement dans des fauteuils ; mais l’idée de son nez gâta tout.

L’employé lui-même, semblait-il, était touché de la pénible situation de Kovalev. Désirant alléger un peu son chagrin, il crut bon de lui exprimer sa compassion en quelques mots ; « Véritablement, je suis très fâché qu’il vous soit arrivé une pareille aventure. Désirez-vous prendre une prise de tabac ? cela chasse les maux de tête et les dispositions à la tristesse ; c’est aussi un remède souverain contre les hémorrhoïdes. » En disant ces mots, l’employé présenta à Kovalev une tabatière, dont il fit glisser très habilement le couvercle, décoré du portrait d’une dame en chapeau.

Devant ce procédé, irréfléchi pourtant de la part de l’employé, Kovalev perdit toute patience : « Je ne comprends pas, dit-il en colère, comment vous pouvez trouver place à des railleries ; ne voyez-vous pas qu’il me manque précisément ce qu’il