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serve, durant un mois entier. Enfin, sembla-t-il, le ciel lui-même l’inspira. Il résolut d’aller droit à l’administration d’un journal et de faire insérer à temps une annonce avec description détaillée de tout son signalement, afin que ceux qui le rencontreraient pussent le lui amener ou, tout au moins, indiquer le domicile de ce brigand.

Ayant pris cette décision, il ordonna au cocher d’aller à l’administration d’un journal et ne cessa, durant toute la route, de bourrer de coups de poing le dos de l’automédon, en lui criant : « Plus vite, fripon ! Plus vite, canaille ! »

― Eh ! bârine ! disait le cocher, secouant la tête et fouettant des guides le cheval à longs poils, comme un épagneul.

Le drochki s’arrêta enfin, et Kovalev, hors d’haleine, entra dans une petite pièce de réception, où un vieil employé, en frac usé et en lunettes, était assis derrière une table, et, une plume aux lèvres, comptait de la monnaie de cuivre.

― Qui reçoit ici les annonces ? s’écria en entrant Kovalev ; mais pardon, je vous salue bien…

― Mes respects, dit le vieil employé, levant les