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chose que son propre nez… Mais il n’y avait plus de nez ; celui-ci avait eu le temps de s’éloigner, et, vraisemblablement, d’aller rendre quelque nouvelle visite.

Cela plongea Kovalev dans le désespoir. Il sortit, et resta une minute sous le péristyle, regardant attentivement de tous côtés s’il n’apercevrait pas le nez. Il se rappelait parfaitement que le chapeau avait des plumes et l’uniforme une broderie d’or ; mais il n’avait pas remarqué le manteau, ni la couleur de la voiture, ni celle des chevaux, et ne savait s’il y avait quelque laquais par derrière, et dans quelle livrée. Il y avait d’ailleurs une telle quantité de voitures allant au galop dans les deux sens, qu’il était difficile de les observer ; et, en eût-il remarqué une, quels moyens de l’arrêter ?

La journée était très belle, et ensoleillée. Il y avait foule sur la perspective Nevski ; un flot fleuri de dames inondait tout le trottoir du pont Polisseïsk au pont Anitchkine. Ici, se promenait un conseiller de cour[1], des amis de Kovalev, qui l’appelait : lieutenant-colonel, principalement devant

  1. 7e degré des tchines.