du conseiller d’État ; mais le nez ne quitta pas une minute sa position.
― Monsieur, dit Kovalev, s’efforçant intérieurement de se donner du courage, monsieur !…
— Que désirez-vous ? demanda le nez, en se retournant.
— Je trouve étonnant, monsieur… il me semble que… vous devez connaître sa place. Et je vous trouve soudain, et où ?… Convenez…
— Excusez-moi ; je ne puis saisir de quoi vous me parlez. Expliquez-vous.
— Comment m’expliquer avec lui ? pensa Kovalev.
Et, rassemblant ses esprits, il commença :
— Assurément, je… d’ailleurs, je suis major. Je me trouve sans nez ; convenez-en, cela n’est pas convenable. Pour quelque revendeuse, débitant des oranges sur le pont Voskresenski, il est encore possible de se passer de nez. Mais pour moi, qui ai l’intention de devenir fonctionnaire, et qui ai, en outre, des relations dans beaucoup de maisons, avec des dames, par exemple Mme Tchekhtareva, femme d’un conseiller d’État, et bien d’autres, vous jugez vous-même.