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d’une maison. Devant ses yeux se produisit une apparition inexplicable : une voiture s’arrêta près du perron, la porte s’ouvrit, et un monsieur en uniforme en sauta, en se courbant, et grimpa lestement l’escalier. Quel ne fut pas l’effroi, et en même temps la stupéfaction, de Kovalev, en reconnaissant que c’était son propre nez ! Devant ce spectacle extraordinaire, il lui sembla que tout tournait devant ses yeux, et c’est à peine s’il put conserver son équilibre ; mais il résolut, tout tremblant, comme s’il avait une attaque de fièvre, d’attendre le retour de ce monsieur dans sa voiture.

Au bout de deux minutes, le nez reparut effectivement. Il était en uniforme brodé d’or, avec un grand collet montant, en pantalon de peau de chamois, et une épée au côté. Au chapeau à plumes, on pouvait reconnaître qu’il était du grade de conseiller d’État[1]. Son habillement indiquait qu’il allait en visites. Il regarda des deux côtés, cria au cocher : « Marche ! » et partit.

Le malheureux Kovalev se sentait devenir fou.

  1. 5e Degré des tchines.