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la rue ; il fut donc obligé d’aller à pied, enveloppé dans son manteau et le visage couvert d’un mouchoir, comme quelqu’un qui saigne du nez.

― Mais peut-être n’est-ce qu’une illusion ; il est impossible que mon nez soit ainsi tombé tout bêtement, pensa-t-il.

Et il se dirigea vers une confiserie, afin de se regarder dans la glace. Personne, heureusement, ne s’y trouvait ; des gamins balayaient la pièce et rangeaient les chaises. Quelques-uns, les yeux encore endormis, portaient des gâteaux chauds dans des paniers ; sur les tables et les chaises, traînaient les journaux de la veille, tachés de café.

― Allons ! grâce à Dieu, il n’y a personne, dit-il ; je puis à présent m’examiner.

Il alla timidement vers la glace, et regarda.

― Le diable seul sait quelle est cette horreur, s’écria-t-il, après avoir craché ; si encore il y avait quelque chose à la place du nez ! mais rien !

Ayant mordu ses lèvres de dépit, il sortit de la confiserie, et, contre son habitude, il résolut de ne regarder personne et de n’adresser aucun sourire.

Soudain, il s’arrêta, comme pétrifié, à la porte