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il commença à se frotter les yeux et retâta du doigt ; c’était bien un nez, un véritable nez, et encore, lui sembla-t-il, un nez ayant une tournure connue.

La frayeur se peignit sur le visage d’Ivan ; mais cette frayeur n’était rien auprès de l’indignation qui saisit son épouse.

— Où as-tu coupé ce nez, animal ? se mit-elle à crier avec colère. Fripon ! ivrogne ! Je te dénoncerai moi-même à la police ! Quel brigand ! Voilà déjà trois messieurs qui m’ont dit que lorsque tu rases, tu tires tellement sur les nez que tu les arraches presque !

Mais Ivan Iakovlevitch n’était plus ni mort ni vivant car il venait de reconnaître que ce nez n’était autre que celui de l’assesseur de collège Kovalev, qu’il rasait le mercredi et le dimanche.

― Tais-toi, Prascovia Ossipovna, dit-il, je vais l’envelopper dans un linge et le mettre dans un coin, pour qu’il y reste quelques jours ; ensuite, je l’emporterai.

― Et je n’y consens pas ! Que je permette de placer un nez coupé dans la chambre ! Biscuit roussi ! Il ne sait que repasser son rasoir, et