dans l’abîme. Pierre garda pour lui seul tout le
bien et se mit à vivre comme un pacha. Jamais on
n’avait vu de tels troupeaux de chevaux comme
chez Pierre ; jamais nulle part on n’avait vu
pareilles brebis et moutons. Pierre mourut.
» Quand Pierre fut mort, Dieu convoqua les deux âmes de Pierre et d’Ivan, pour le jugement. « Cet homme est un grand coupable ! » dit Dieu. « Ivan ! je ne puis trouver sur-le-champ un châtiment pour lui ; choisis-le toi-même ! » Ivan réfléchit longtemps, imaginant des supplices, et répondit enfin : « Cet homme m’a fait un grand outrage ; il a vendu son frère, comme Judas, et m’a privé d’une famille et d’une postérité sur terre. Et l’homme qui se trouve sans famille honorable et sans postérité est comme la semence de blé qu’on jetterait dans le sol et qui tomberait en pure perte ; il n’en sort pas de germe, et personne ne sait que du blé fut semé en cet endroit.