chemin, où deux hommes peuvent peut-être passer
de front, mais pas trois. Le cheval du dormeur
commença à avancer prudemment. Pierre allait à
côté, tout tremblant, et cachant sa joie. Il regarda
derrière lui, et poussa celui qu’il appelait son
frère dans l’abîme. Le cheval avec le Kosak et
l’enfant roulèrent dans le vide.
» Le Kosak se rattrapa pourtant à une branche, et seul le cheval roula jusqu’au fond. Il se mit à regrimper vers le bord et l’atteignait presque, quand, en levant les yeux, il aperçut Pierre qui brandissait sa lance pour le rejeter en arrière. ― « Mon Dieu, toi qui es juste ! n’eût-il pas été préférable pour moi de ne pas rouvrir les yeux, plutôt que de voir mon propre frère me repousser de sa lance dans l’abîme ? Mon Dieu, toi qui es bon ! c’était peut-être écrit pour moi dès ma naissance, mais sauve mon fils : qu’a pu faire ce jeune innocent, pour trouver dans un gouffre une mort aussi cruelle ? » Pierre rit, et le repoussa de sa lance ; et le Kosak avec l’enfant dégringola